vendredi 16 janvier 2015

Schlittschuhlaufen (patinage)

[Ouais des fois l'allemand c'est difficile.]

Avant les fêtes, un de nos amis berlinois nous a très gentiment proposé de faire du patin à glace avec lui dans un stade non couvert au Sud de la ville. Dômeu, rodé aux balades en rollers dans Marseille dans sa jeunesse, était d'emblée très enthousiaste. Moi... moins, malgré ma curiosité, parce que j'avais appris à patiner en EPS à 16 ans, d'abord penchée et appuyée sur un plot puis assez à l'aise pour une choré simplissime, et oublié comment on le fait depuis. Lorsque le premier rdv proposé par notre ami s'est avéré être pendant mes vacances, j'ai fait l'épouse modèle en disant à mon mari d'aller s'amuser sans moi, à grand regret - un peu comme quand je lui ai dit de faire sa raclette avec des collègues en mon absence. [La charcut et moi nous sommes dit au revoir il y a un peu plus d'un an.]

Dômeu a passé une excellente soirée sous les étoiles en glissant avec aisance et en bonne compagnie. De ce fait, une deuxième date nous a été proposée, et là, plus moyen de se débiner.



Avant de partir vers la patinoire, j'ai réécouté avec nostalgie cette chanson, que mon groupe avait choisi pour réaliser notre choréographie d'évaluation en EPS. Je me suis dit que la chanson devrait s'appeler "On all four", à quatre pattes, pour décrire mon aisance plutôt qu'un truc musical.

Dômeu m'avait rassurée en me disant que ce n'était pas gênant pour les autres que je sois un escargot. Il n'imaginait ptêt pas mon blocage devant la piste, digne de mes blocages devant les pistes de danse, à la différence près qu'au fond de moi je savais que d'ici la fin de la séance j'aurais de nouveau compris comment ça marche et sans doute oublié mon angoisse. Alors que danser avec plaisir, ça n'est pas dans mes veines. J'ai donc fini par grimper sur la piste après m'être énervée de l'absence de rampes au bord de la piste, de matelas dans les lignes droites, et de la présence d'un vide entre le matelas et la piste dans les courbes. Sans armure de chevalier, ça me semblait proche du suicide de s'élancer sur cette gigantesque plaque de verglas. En courant, j'évite le verglas comme la peste et le céleri. Là, l'idée, c'est de payer pour aller dessus ? Euh Dômeu, je vais retourner au petit café d'à côté voir si leur chantilly est toujours aussi fraîche, lalala.

Vous l'aurez compris, j'étais très embêtante avec mon cher et tendre à qui je disais qu'il aurait dû comprendre plus vite qu'il fallait que je réapprenne seule à glisser, sans qu'il me pousse ou me tire à une vitesse selon moi proche de celle du TGV Marseille-Bâle [Dômeu merci d'insérer ici la vitesse que tu as surveillée sur un écran de ce train pendant tout notre trajet en décembre. 321 km/h à votre service]. Il a d'abord fallu que je vois qu'en effet on peut soulever un pied de quelques millimètres sans s'exploser au sol, qu'on peut ensuite le faire glisser, puis faire la même chose avec l'autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'enfin je sois de nouveau capable de patiner comme au bon vieux temps, cette fois-ci en donnant la main à Dômeu ravi d'enfin pouvoir me faire avancer dignement.

Avant d'aller à la patinoire, j'avais reçu comme conseil de ma prédécesseuse de bien penser à prendre mes gants de fiançailles pour me rattraper en cas de chute, ce à quoi j'avais répondu, outrée, que ce n'était pas très sympa de sa part qu'elle pense que j'allais tomber. Elle a alors mis en doute mes capacités de raisonnement statistique en me disant que dans ces cas-là, on ne dirait à personne de mettre sa ceinture. Certes. Merci de m'avoir rappelé l'éventualité des chutes, de m'avoir ainsi foutu les jetons, et aussi de me faire réaliser que la thèse de stat et moi, c'est pas gagné. [Blague.]


 Le plus souvent, j'aime mes gants de fiançailles, mais quelque chose me dit, cf la vidéo ci-dessus, qu'une bague aurait pu être pratique pour dégoter un Gummibär géant. Yep j'ai soigné ma culture pub pendant les vacances.

J'ai trouvé assez fascinant d'observer ma propre peur, finalement pas si sérieuse que ça. Je reste perturbée par la prise de vitesse. Glisser est une sensation agréable, grisante. Cependant je pensais toujours que je ne savais pas ce qui venait après : de plus en plus vite, et puis quoi ? Ah oui parce que les amis, je n'ai pas encore vraiment appris à freiner. J'ai comparé l'expérience à mes séances de fartlek (jeu sur l'allure) en courant des fois : si je me mets à accélérer, je sais que quelque chose va me lâcher au bout d'un moment, que ce soit mes jambes, mon souffle, ou ma concentration (oh, un papillon !) et que je vais ralentir sans dommage. Là, je ne suis pas encore capable d'appréhender la vitesse avec sérénité. Une prochaine fois ?

Toujours est-il que j'ai goûté à une certaine forme de bonheur en glissant sur la glace avec mon patient mari au bout des doigts. J'ai aussi pu jauger les limites de mon amour : c'est pas demain la veille que je le laisserai me soulever au bout de ses bras en avançant. Cela dit, je ne suis pas sûre non plus qu'il aie spécialement envie de soulever plus de 80% de son propre poids au-dessus de lui.


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