samedi 3 janvier 2015

Gegen den Strom (à contre-courant)

"A quel point peut-on vivre moins dangereusement en suivant le troupeau et en respectant sans réfléchir de vieilles traditions, au lieu de nager à contre-courant pour ses convictions et d'en supporter toutes les conséquences comme paria." interrogeait depuis son exil la pacifiste Constanze Hallgarten, parmi les premiers intellectuels à condamner le national-socialisme. 


Une belle citation, que j'ai photographiée comme un mouton après une autre visiteuse du Mémorial de la résistance allemande devant moi, cependant pas contre mes convictions. Dômeu et moi avons enfin mis les pieds dans ces lieux qui furent un des principaux théâtres du coup d'Etat manqué de 1944, et abritent désormais une exposition permanente sur des opposants de toutes sortes au régime nazi, au destin souvent malheureux.


 Le musée est dans le quartier du ministère de la Défense. 
Certes, dès la vidéo d'intro à l'exposition on nous rappelle bien que la majorité de la population allemande a adhéré à la dictature. Malgré cela on se doit de rendre hommage à cette minorité qui a levé la voix, distribué des prospectus, aidé des personnes persécutées, posé des bombes...  

Selon ce journal pacifiste "le combattant de la paix" de Janvier 1943, c'est l'alliance de l'URSS, des peuples opprimés, du peuple allemand, de l'Angleterre et des États-unis qui pourra virer Hitler de son poste. J'aime bien l'idée de lui foudre un coup de pied au derche.

L'exposition comporte en tout 18 salles thématiques, dont je ne vous ferai pas une présentation exhaustive. Le contexte historique est bien sûr expliqué, avant les différents types de résistance avec des portraits de personnes associées : résistance de travailleurs notamment socialistes et communistes, de Chrétiens, de Juifs, de jeunes, de Roms, de militaires, etc.


Parmi les réseaux d'opposants au régime, celui organisé autour de la boulangerie Germania d'August Kordah. Ce social-démocrate embauchait déjà avant la création du réseau des sociaux-démocrates et des franc-maçons. Sa boulangerie avait des camions servant à livrer du pain, qui ont ensuite servi à distribuer des prospectus et du matériel illégal, avant le démantèlement du réseau et l'arrestation de 200 personnes par la Gestapo.

L'entrée de la cour sur laquelle débouche l'entrée du musée.

Même si tous les livres d'histoire parlent de lui, nous n'avions jamais autant réfléchi au courage de Georg Elser, l'auteur de l'attentat malheureusement raté (à 13 minutes près !) contre Hitler dans une brasserie munichoise en 1939. Cet homme n'avait aucun soutien et s'est décidé à fabriquer et poser une bombe pour éviter de plus grands bains de sang après l'annexion de la Pologne par les Nazis. Chapeau, mec. Après son arrestation, il n'a étonnamment pas été immédiatement exécuté comme beaucoup des autres personnes dont nous avons lu l'histoire, mais interné en isolement dans un camp de concentration et fusillé peu avant la fin de la guerre. En fait, les Nazis comptaient le juger après leur victoire, dans un procès spectacle.

 Une statue en mémoire de l'attentat et de la tentative de coup d'Etat du 20 juillet 1944.

L'autre attentat évoqué dans l'expo est celui mené par Claus Schenk Graf von Stauffenberg, qui a donné son nom à la rue du mémorial, Stauffenbergstrasse. Le 20 juillet 1944, ce général a fait exploser une bombe contre Hitler dans un quartier général nazi à Wolfsschanze et cru avoir réussi son affaire, avant de rentrer dare dare à Berlin tenter un coup d'Etat avec d'autres généraux ralliés à sa cause, dont l'objectif était de stopper la folie nazie. Comme on le sait, la bombe n'avait pas tué le dictateur, ce qui a empêché cette révolution de fonctionner. Selon Wikipedia, près de 200 personnes furent exécutées pour leur rôle dans ce complot, et le mémorial nous a appris qu'en outre, les familles des personnes impliquées furent emprisonnées - les enfants dans des foyers.


Quelques salles plus tard, Dômeu et moi avions un bon aperçu de l’œuvre de gens qui n'ont pas eu froid aux yeux. Ci-dessus, pour finir cet article depuis une Allemagne qui est maintenant, Dieu soit loué, un État de droit sur tout son territoire, une citation de Julius Leber, un social-démocrate arrêté par la Gestapo avant même la tentative de coup d’État pour avoir participé à une réunion démasquée, et assassiné en 1945. "Ce n'est pas le présent mais l'avenir qui m'occupe le plus. Ce qui se passe aujourd'hui est une transition. Je n'en doute pas le moins du monde. Mais ce qui viendra après est encore dans l'ombre".

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