mardi 18 novembre 2014

Lussekatter (chats de Lucie)

Cette année, pour mon anniversaire j'ai décidé de ne pas tenter le Diable en faisant de la cuisine sucrée après avoir officiellement passé le cap des 26 ans, et en créant des brioches destinées à le faire fuire. Qu'on se rassure, j'ai aussi réussi à défoncer une nouvelle fois un outil de cuisine en le faisant fondre mais tout est bien qui finit bien, alors j'ai une recette et de la bonne humeur à partager.


Vade retro, Satanas ! Selon Wikipedia, la couleur jaune des Lussekatter est en effet censé le faire fuire car il craint la lumière. (et pourtant, il aime le soufre, qui a aussi cette couleur jaune. Comprenne qui voudra - note de Dômeu le chimiste hein)


Dômeu et moi avions découvert les Lussekatter lorsqu'une amie même pas suédoise mais bien scandinave en avait apporté à un brunch organisé par Dômeu pour son anniversaire. Nous avions tenté une première fois de reproduire ses merveilles, ce qui avait été un échec certes pas mauvais mais pas très goûteux ou jaune. Cette fois-ci c'était bien mieux même si notre amie au sang nordique y arrive mieux, selon Dômeu justement grâce à ses origines. Respect, quelles que soient les explications de son talent.

Pour cette recette traditionnelle de la Sainte-Lucie en Suède, chipée ici, il vous faudra :
- 150g de margarine,
- 500mL de lait végétal (amandes chez nous),
- 50g de levure fraîche, ou bien 42g si c'est ce que votre supermarché préféré vous propose,
-  1/2 cuillère à thé de sel
- 1,5 dL de sucre (pas beaucoup donc mais selon une collègue ayant grandi en Suède c'est normal car ces petites brioches se rapprochent du pain)
- 1g de safran... la bonne blague si on ne veut pas y mettre trente euros, gnu (30 euros, soit deux cent francs - deux safrans, huhuhu, note de Dômeu sur un jeu de mot de François Pérusse). Nous avons choisi d'y mettre 0,2g de safran car il nous en restait déjà 0,1g, un boitillon (celui du safran qui n'était pas rempli de safran, loin s'en faut) de curcuma pour sa couleur, deux boitillons de cardamone, deux boitillons de cannelle, un boitillon de gingembre et un boitillon de muscade. Dômeu et moi avons écrit ceci à la Pierre Hermé en nous projetant dans le goût. Nous n'avons peur de rien. Avec le recul j'aurais multiplié toutes les quantités par un facteur supérieur à 1 qu'il me reste à déterminer en réfléchissant fort avant la prochaine fois.
- 1,3L de farine blanche, que j'ai tamisée au début, mais pas à la fin, quand j'ai continué d'en rajouter jusqu'à ce que la pâte ressemble à autre chose qu'une pâte à coulant au chocolat. 

Vous remarquerez que cette recette est végétalienne... En effet, je voulais qu'une de mes collègues préférés puisse en manger. En outre je suis curieuse des recettes végétaliennes. Et au fond on peut peut-être appliquer au végétalianisme le pari pascalien sur l'existence de Dieu, on ne sait pas si c'est mal d'élever des animaux, mais dans le doute on s'abstient ? Enfin, dans mon cas, une fois de temps en temps, entre deux cafés au lait.

La préparation de la pâte commence par la réactivation des levures qu'on mélange à la margarine fondue, au lait végétal et aux épices, avant de rajouter le sucre et la farine. Et là je ne pouvais plus compter sur notre mixeur et son option mélangeur de pâte, parce qu'un jour je l'ai laissé trop près des plaques de cuisson ce qui a déformé une des ouvertures, en gros. Ma punition a été de pétrire à la main. Ô joie.


Après le repos obligatoire d'une heure, la pâte avait bien doublé de volume, et nous nous sommes mis à la tâche de former les Lussekatter.


Les Lussekatter peuvent prendre différentes formes, mais j'ai choisi la forme originelle de S avec un raisin à chaque extrémité.

 
Sur notre plan de travail fariné, nous avons fait beaucoup de petits boudins de la taille d'un doigt à ensuite tordre puis laisser gonfler avant d'ajouter du raisin.


J'ai trouvé la pâte moins infinie que lors de certaines de nos séances de fabrication de roulés à la cannelle mais Dômeu a eu le temps de devenir obsédé par les Lussekatter et d'en voir partout comme sur notre porte. Pauvre de lui, et mille mercis pour son aide précieuse.


Une fois couronnés de deux raisins, les Lussekatter ont reçu sur la tronche du lait d'amandes, et pouf, sont passés huit à dix minutes au four à 250°C, pile le temps de devenir dorés.


Nous n'avons eu que trois fournées à faire, que j'ai réparties dans des boîtes bretonnes pour les emporter au boulot. J'en ai bien sûr donné un tout petit peu à Dômeu pour le remercier de son travail. 


Certes, s'ils gonflent trop, les Lussekatter donnent l'impression de vomir leurs raisins et ne ressemblent plus à des S, mais ils sont alors très bons.

Mes collègues, qui avaient oublié mon anniversaire et donc mon bouquet, étaient extrêmement gênés, alors que je leur ai fait remarquer que si j'étais fâchée, je ne leur aurais rien apporté. La secrétaire est vite allée m'acheter un bouquet, avec des roses jaunes dedans pour que je sois protégée du Démon.


J'ai étendu ma générosité briochée au-delà de mon équipe trop petite pour épuiser une quarantaine de Lussekatter, et ai ainsi reçu plein de poignées de main et d'accolades de bon anniversaire, chic.

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