mardi 19 août 2014

Steuerabenteuer (aventures d'impôts)


Dômeu vient de me dire qu'il n'a jamais vu le film Bambi. Je me demande comment il a fait pour passer le bac.

Il est de notoriété publique que je suis une quiche en formalités, par exemple depuis que j'ai réussi à me faire virer de l'université de Munich en me plantant dans un virement, après avoir fait des pieds et des mains pour m'y inscrire. Qu'on se rassure, j'ai été réintégrée, et les obstacles actuels à mon doctorat sont purement scientifiques. [Lecteur, as-tu sous le bras pour moi une méthode d'inférence bayésienne rapide et simple et parfaitement adaptée à mes travaux et déjà codée ?] 

J'ai par ailleurs tendance à me sous-estimer et à paniquer à l'idée de certaines formalités que je sais déjà gérer, par exemple déclarer mes revenus en France, puisque je n'ai pas une situation particulièrement loufoque, contrairement à Jérôme. 

 
Je sais, c'est pas gentil. 

J'ai aussi peur de la déclaration que des rails de tram quand je suis à vélo, c'est dire. Au moins, une fois que je l'ai fait, j'ai l'impression d'avoir gravi l'Everest avec mes chaussures de mariées et sans manteau, et je m'auto-congratule en conséquence. Bref. Cela n'est quand même pas mon kiff, contrairement à une de mes collègues, qui cependant aime par ailleurs le céleri et n'est donc sans doute pas humaine.

J'aurais donc naturellement choisi de ne pas déclarer mes revenus 2013 en Allemagne au fisc allemand, puisque ça n'était que facultatif : ici, les impôts sont prélevés à la source, donc un salarié lambda n'ayant pas d'autres revenus n'a pas à s'en faire. Seulement, on m'avait dit que je pouvais récupérer une partie de mes impôts, or l'appât du gain semble fonctionner sur moi. En outre, comme Dômeu et moi sommes mariés, je savais que je devrais déclarer nos revenus de 2014 l'an prochain, que ça serait plus compliqué et que ce serait donc bien de m'entraîner.

Ces motivations en tête, j'ai commencé à me renseigner sur les tenants et aboutissants d'une déclaration de revenus allemande. Que de plaisir.

Comme je vous l'avais déjà conté, j'ai donc téléchargé le logiciel officiel me permettant de remplir en ligne le formulaire qui allait bien, constatant grâce au simulateur intégré que j'allais effectivement toucher des sous. J'ai considéré que ça signifiait que je ne m'étais pas trop mal débrouillé. J'étais vachement contente. 



Sauf qu'en fait, j'aurais dû me méfier...




Quand mon avis d'imposition est arrivé, je devais en fait payer environ 500 euros ! Impossible, j'avais dû me tromper ou être victime d'une erreur. En effet, avec un prélèvement d'impôts à la source sur un salaire délivré par l'Etat allemand, ç'aurait été étonnant que je n'ai pas déjà assez payé. Gloups. Heureusement, des collègues m'ont dit que j'avais encore le droit de faire opposition à l'avis. Chic, ça puait la formalité compliquée.

J'ai décroché mon téléphone et appelé le service local des impôts, avec appréhension car la dernière fois que je l'avais fait, j'avais eu au téléphone une dame totalement débordée clairement pas en forme si je peux en juger au nombre de soupirs entendus à la minute. 


Et là, miracle. L'employée qui m'a répondu m'a expliqué que j'avais mal coché deux cases, ce qui n'expliquait certes pas l'erreur du simulateur en ligne, mais la somme demandée par mon avis. Elle m'a demandé si j'avais du temps avant de faire elle-même des simulations. Euh, bah oui, j'ai du temps pour qu'on s'occupe de moi. J'ai noté les mots-clés de ses propos sur ma sécu et l'impôt de l'Eglise catholique, rédigé une lettre à partir d'un modèle chipé sur internet, envoyé un recommandé de là où j'avais envoyé tous ceux pour la fac, et... ça a marché, mon avis a été changé et l'Etat me devait alors 33 euros. Alléluia. 




En conclusion, faut pas que je lâche l'affaire, avec de la bonne volonté et beaucoup de conseils glanés dans mon entourage je semble m'en sortir. Cela dit, si j'étais Dômeu, je ne serais pas ravie de bientôt partager la même déclaration de revenus que moi. D'ici là, je vais préparer un courrier pour le Vatican afin que mon impôt religieux serve à la béatification de l'adorable employée des impôts qui m'a expliqué mes erreurs, et à l'achat de quelques cierges pour celle qui semblait prête à passer à la broyeuse de documents.

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