lundi 14 octobre 2013

Liepnitzseelauf (course du lac de Liepnitz)

Des fois j'essaie de vraiment vivre comme la bobo qui se cache au fond de moi, cette fois-ci dans le contexte de la course à pied à une période où je n'ai pas de bobos - mais aucune capacité à faire de bons jeux de mots. Alors quand j'ai vu le prix d'inscription aux 10km Asics de Berlin tout près de chez nous, que j'ai pensé à la mercatique, à la foule, à l'asphalte... J'ai cherché un événement de remplacement dans un calendrier en ligne, pour courir sans pression comme dirait mon entraîneur, et pour vivre le plaisir du passage de la ligne d'arrivée en en ayant bien c**é. Ce faisant j'ai trouvé un parcours de 15km au Nord de Berlin dans un coin de lacs et de forêts, assez séduisant pour que je me dise que si, j'allais survivre aux transports pas pratiques pour m'y rendre et que ce serait une belle aventure. Bingo !


 Merci Wiki car je n'avais pas d'appareil photo. Les paysages étaient bien plus automnaux, dorés, sous un ciel clément.

Quand je dis que ce n'était pas simple, j'évoque un trajet en métro puis S-Bahn (RER) jusqu'à la ville de Bernau, avant de prendre un bus pour 15km jusqu'au lieu de départ de la course, départ sifllé à 10h30. Or le dimanche, ce cher bus et ses deux parcours ne m'offraient que deux possibilités pour arriver à temps à Ützdorf Dorf - atchoum : un départ de Bernau à 8h pour arriver une demi-heure plus tard, et un autre à 8h30 pour arriver une heure plus tard. Autant dire que je me suis levée aussi tôt que pour aller à la piscine au tarif matin, mon ptit déj dans un sac plastique. Pour ne rien gâcher à mon stress de fille qui stresse pour pas grand-chose, j'avais appris qu'il n'y aurait pas de casier sur place, ce qui impliquait d'emporter des fringues moches pour me réchauffer avant et après la course (moches et sans valeur sentimentale, ce qui élimine par exemple le pull polaire marron à capuche que ma mère m'avait acheté quand j'avais 12 ans, me vexant à mort, parce que je pense que je pourrais encore le porter enceinte de triplés sérieusement atteints par un diabète gestationnel, et que j'affectionne finalement pour son confort), et de bien prévoir de courir avec portable, espèces et carte de transports. Autant dire qu'au départ de l'appart, je n'étais pas encore en mode youhou-vive-la-forêt-et-les-lacs-quelle-sérénité.

Heureusement, tout s'est bien passé. J'ai lu mes revues et autres journaux de rue en me réchauffant à coup de café(s) à la gare de Bernau, à coup de passage aux toilettes chauffées au camping où était organisée la course, et j'ai finalement amadoué les bénévoles du stand de remise des dossards dont l'un a pris mes affaires sans valeur dans son coffre. Ainsi, j'étais plutôt contente une fois arrivée sur la ligne de départ, j'avais presque l'impression que le plus dur était fait. Aux hauts-parleurs, j'avais en outre entendu la chanson dont le thème servira à notre entrée à l'église lors de notre mariage, ça m'a autant boostée que si j'avais entendu mes tubes à moi pour le sport, en ce moment "Diamonds" de Rihanna par exemple, on a la classe... ou pas.



 Voici un aperçu du parcours, le mien étant la boucle en pointillés. 

Comme annoncé sur le site, il s'agissait de sentiers forestiers la plupart du temps, avec racines à gogo - je suis pô tombée ô miracle, avec de rares passages sur du goudron ou des pavés, lesdits pavés ayant été affrontés en montée, équivalent d'un fondant au chocolat avec salidou, en inverse question plaisir. Evidemment, la souffrance est toute relative, courir est une chouette activité, on n'a pas trop de questions à se poser, on ne fait qu'approcher du but et les efforts ne sont que passagers. Je dois avouer que je n'ai pas eu ces pensées positives tout au long de la course, parfois je n'ai pas admiré les feuilles mortes, les arbres, l'eau, plus occupée à réguler mon souffle sexy de locomotive à vapeur enrhumée ou à descendre mon tshirt que ma ceinture de course faisait remonter pour mettre mon nombril à l'air et ajouter à ma sexytude, mais parfois aussi, j'étais en pleine extase. Normal quoi.

Il s'agissait d'une petite course locale, d'une part ça permet de ne pas jouer des coudes sur le parcours, d'autre part ça m'a permis d'avoir un bon classement dans ma catégorie des femmes de 20 à 30 ans, deuxième, cinq bonnes minutes derrière la première femme, et deux minutes et demi derrière l'autre jeunette, que jamais je n'aurais pu rattraper. Or ces gentils petits bénévoles avaient décidé de faire des podiums par catégorie d'âge. Quand j'ai passé la ligne d'arrivée, j'ai vu mon temps, je me suis dit, chic, je vais avoir le bus de 12h30, et en fait, d'après le message au micro écorchant légèrement mon prénom, non, j'ai dû rester réaliser un de mes fantasmes, à savoir monter sur un podium sur une sorte de malentendu - le malentendu étant un échantillonnage de coureuses favorable. Je n'ai pas pleuré longtemps mon bus hein, j'étais en pleine euphorie du coureur qui vient de finir sa course, avec une occas de jouer à la championne sur une boîte en bois numérotée.

 

J'ai ainsi gagné un mug, pas une médaille, pour lequel va ptêt falloir investir dans une vitrine en cristal, en attendant je bois du Caro dedans. Seul hic, j'ai beau avoir géré mon organisation comme une chef, j'ai loupé la distribution des tapis volants, ça m'aurait bien aidée, notamment un kilomètre avant l'arrivée, lorsqu'une grosse côte m'a déprimée, après la photo des organisateurs, qui auraient le droit à des photos bien moins jolies s'ils prenaient en photo le visage des coureurs découvrant à la fin que ça monte encore.

Comme j'avais loupé mon bus, j'ai dû ravaler ma timidité et aborder des inconnus pour savoir si quelqu'un pouvait me déposer à une gare de S-Bahn, le bus suivant étant deux heures plus tard. Un coureur de l'âge de mon papa je pense m'a embarquée et déposée plus près encore de Berlin que Bernau, à Buch, en me commentant les villes dans lesquelles nous passions, le pied.

Malgré ce petit fantasme podiumesque réalisé, je dois avouer que ma fierté du jour est d'avoir pensé à apporter des chaussettes de rechange, je crois que sinon, dans la paire trempée de sueur, mes orteils se seraient mis à éternuer.

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