lundi 1 juillet 2013

Berlin Unterwelten - tour M

Nous vous avons déjà parlé de l'association Berlin Unterwelten et des visites souterraines qu'elle propose, lorsque nous en avons testé une avec des visiteurs. Trois des visites sont proposées en Français : celle sur la protection anti-aérienne pendant la seconde guerre mondiale, que nous avons donc déjà suivie, celle sur les fuites sous le mur de Berlin, et celle sur la protection anti-atomique pendant la guerre froide. La Nantaise, curieuse et désireuse d'enrichir ses connaissances sur l'histoire récente de la ville, et moi ne nous sommes pas contentées d'aller au mémorial du mur, nous nous sommes inscrites à la visite souterraine sur le thème des fuites. Et comme d'hab pour cette asso, pas besoin de se forcer pour faire de la pub.


[Photos toutes gracieusement offertes au blog par la Nantaise. Ici, une plaque commémorative à Potsdamer Platz.]



Notre guide s'appelait cette fois Laure, la fois précédente j'avais écouté Laura, les deux seules guides francophones semblent assorties. Elle avait la pêche, et beaucoup d'anecdotes et idées à transmettre avec enthousiasme. Elle est aussi guide au musée de la RDA et à Hohenschönhäusen, en plus d'être archéologue et donc d'aimer creuser. Plutôt pratique pour quelqu'un qui emmène ses visiteurs sous terre. Malheureusement, sous terre, nous n'avons rien vu de ce dont elle nous a parlé, l'abri anti-aérien puis la cave près du mémorial ne servent qu'à exposer des photos et objets. 
Il serait en effet difficile d'aller voir directement les parcours utilisés lors des fuites, car cela cela signifierait devoir se promener dans les égoûts de Berlin les genoux dans l'eau boueuse, ressusciter des tunnels rebouchés ou de retransformer les stations de métro d'une ligne occidentale en stations fantômes dans Berlin Est...


Des barres rappelant l'ancien emplacement du mur, au mémorial du même nom.

Car c'est bien cela que la guide nous a raconté. La fuite par les égoûts a vite été empêchée par les autorités est-allemandes grâce à de nouvelles grilles dans les canalisations, les grilles initiales n'allant pas jusqu'au sol, permettant aux personnes connaissant le trajet et bénéficiant de l'aide de quelqu'un pour soulever et refermer sans bruit une plaque derrière eux de "plonger dans la merde vers la liberté". Celles par le métro, une ligne de Berlin-Ouest traversant Berlin-Est, ont aussi vu divers obstacles les rendre finalement impossibles - et rendre au passage le destin des passagers du métro assez peu prometteur en cas d'incendie dans le tunnel. Fort heureusement, cela n'est jamais arrivé.

Photo de Egon Schultz, triste victime du mur, cette fois merci Wiki.

Une fois ces possibilités retirées, il ne restait plus comme solution que de creuser des tunnels, en calculant bien son coup, une déviation de quelques degrés ayant après des centaines de mètres la capacité à vous faire arriver, de l'Ouest, sous des toilettes au milieu d'une cour plutôt que dans une cave, moins simple pour faire partir des Berlinois de l'Est sans se faire repérer. Creuser un tunnel était une entreprise à la fois fatiguante et dangereuse, les multiples histoires de la guide ont illustré moult facettes de ces entreprises. Je n'en citerai que deux. 


Le départ avec honneur : Des hommes plutôt âgés ont eu l'idée de creuser un tunnel certes court, mais ayant une grande hauteur sous plafond, au contraire de la plupart des tunnels où l'on circulait à quatre pattes, pour que leurs épouses "arrivent à la liberté la tête haute" (ça change de la plongée dans la merde, en effet). 

Le mensonge mortel : lors d'une évasion, un passeur étudiant à Berlin ouest était armé. Pour protéger la fuite, il a tiré vers les soldats est-allemands. Les journaux de RDA titrèrent le lendemain que ce coup de feu avait tué un jeune homme, Egon Schultz, ensuite traité en héros en RDA. Le passeur, ravagé par cette découverte, a ensuite sombré dans l'alcoolisme et en est mort. Cependant, après la réunification, la culpabilité du passeur a été remise en cause. En effet, le dossier d'Egon Schultz révélera qu'il avait effectivement été blessé par le Berlinois de l'Ouest mais qu'il avait en réalité été tué par une balle perdue de ses camarades policiers...

Bref, nous avons entendu beaucoup de choses passionnantes, je recommande donc ces visites comme Dômeu l'avait fait, en rappelant que les billets doivent être achetés le jour J (impossible de réserver), sur place, mais de préférence en avance, même si pour ce tour M la Nantaise et moi n'étions accompagnées que de trois autres visiteurs. Quant à Dômeu et moi, il nous reste à tester la troisième visite en français, ou à frotter nos connaissances d'anglais et d'allemand aux autres de la liste. Quelques années à Berlin ne seront pas de trop pour la découvrir de fond en comble, le fond pouvant être très bas !

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