jeudi 25 avril 2013

Club in Berlin, par un inculte en la matière

Lorsque l'on parle de Berlin, le commentaire classique est qu'il s'agît de la capitale européenne pour sortir en boîte de nuit (ce terme fait très années 70, je trouve, mais je ne trouve pas de meilleur synonyme). Mahällö et moi-même nous sommes également peu familier de ce monde (pour donner une comparaison, il faut s'imaginer une scène un peu comme celle décrite ici, la notoriété de Linus Torwald et de Warren Beatty en moins), nous devons même avouer que nous n'avons pas franchi les portes d'une discothèque depuis des années (la soirée dansante du congrès international de catalyse ne compte pas, a priori).

Désirant savoir ce dont il s'agit, je suis parti à l'aventure le week-end dernier, en compagnie de mon ex-colocataire et de sa copine (qui nous rendait visite), mais sans Mahällö, qui a préféré son lit afin de se lever tôt pour aller courir longtemps le lendemain ! Pour nous, direction le Berlin Underground (la première tentative de visiter le Berlin souterrain a été un échec, les billets pour la visite de bunkers par l'association Berliner Unterwelten ayant été vendus plus d'une heure avant le début de celle-ci).

Photo récupérée sur le site du club, proche de ce que nous avons vu (une longue queue et des cracheurs de feu)


Direction Kreuzberg, l'équivalent berlinois du quartier du Panier,à Marseille (i.e. : un ancien quartier d'immigré devenu tendance et se gentrifiant rapidement) pour rejoindre un ami, l'amie de cette ami et puis au final, former un groupe d'une douzaine de francophones prenant bière et strudels aux pommes dans un café.

L'occasion d'apprendre que la nuit berlinoise est dominée par un club, le "Tresor", qui refuse arbitrairement deux tiers des gens se presentant à l'entrée. On rentre au Tresor par un long couloir, dans lequel la musique devient de plus en plus forte à mesure que l'on approche de l'épicentre, le coeur finissant par trésauter à chaque "BOUM" de la techno.

Notre groupe préfère se rendre au club de Ritterstraße, qui avait ce soir-une soirée à thème sur le "new Burlesque". Le bâtiment était très beau et conforme à ce dont on s'attendait d'un club "underground" (à savoir : il s'agit d'un ancien bâtiment industriel, mais j'imagine qu'au contraire de ce qui se passait au début des années 90, il doit y avoir un bail et des clauses on ne peut plus légales d'occupations). La queue d'une vingtaine de personnes attendant patiemment minuit pour pouvoir entrer dans le club (une sorte d'anti-Cendrillon, quoi) ne nous a pas découragé.

Le bâtiment abritant le club, qui se trouve en bas à droite

Lors de l'ouverture, la consigne a été de se répartir en groupe de 3, pour maximiser nos chances d'entrer. La videuse (oui, c'était une femme et pas une pas trop musclée, mais les gros bras se tenaient quelques pas derrière elle, faut pas déconner non plus) nous a fait entrer, malgré nos tenues pas forcément très classes ni recherchées (en baskets et avec une superposition de tee-shirt pour mon ex-coloc, une chemise à col mao pour moi). On passe ensuite à la caisse, où, en échange d'une douzaine d'euros, on se fait encrer la main avec une encre particulièrement tenace (je l'avais encore 3 jours après malgré des dizaines de lavages de main) et on se fait tater par un dernier vigile, et nous entrons enfin dans le complexe. 

Ce qu'il faut savoir, c'est que les clubs berlinois soignent particulièrement l'aspect bordélique de leur décoration. En témoigne, ici, l'aspect "maison de grand-mère" du vestiaire, avec ses tapisseries vertes kakies, completement ouvert, sur le bord, sur les toilettes, mises ainsi particulièrement en valeur.

Dans ces vestiaires, des personnes munies d'ipad proposaient de répondre à des questions sur nos connaissances en matière de tabac. J'imaginais que c'était pour alerter sur les dangers de la cigarettes, mais vu que les personnes qui trouvaient les bonnes réponses obtenaient un paquet de clopes et un briquet, j'imagine que je me suis fourvoyé dans ma première estimation...

Pas grave, direction la salle et sa techno assourdissante. L'occasion de prendre une bière à un tarif qui, m'a-t-on dit, ferait pâlir d'envie les clubbeurs parisiens (3 euros le demi-lire) et d'observer autour de nous. La déco est ici aussi dans un genre "particulier" : les bois d'un cerf encadrent dans un coin une croix chrétienne lumineuse

Ce qui est assez intéressant, c'est de voir la grande diversité des danseurs. Il y avait là :

- Des américaines avec des jupes mini-jupes ceintures les plus courtes possibles et ayant les réflexes de woo-girls qui permettaient de savoir quand le dj changeait de musique (ce qui était particulièrement difficile à entendre).

- Des gens qui respectaient le dress-code "années 1920" et qui avaient donc de très belles robes et des costumes élégants.

- Qui voisinaient des jeans troués et des crânes rasés avec tee-shirt à messages illisibles à force d'être portés. 

- Des cheveux d'à peu près toutes les couleurs possibles, pour hommes comme pour femmes.

- Et bien sûr, votre serviteur, en costume "no look"

Tout ce beau monde se cotoyait, sans trop interagir entre eux, mais dans une ambiance que l'on peut qualifier de chaleureuse. 

Au bout d'un moment, lassés par la techno, nous nous sommes rendu dans une autre salle consacrée, dans le thème de la soirée, à l'électro-swing (dont Arte m'apprend qu'il s'agît d'un mouvement en "irrésistible ascension"). Et toujours ce décallage amusant entre les gens qui dansaient vraiment le swing et d'autres qui avaient des danses plus particulières...

Nous sommes partis peu après, profitant du métro ouvert toute la nuit durant le week-end (oui, un autre truc qui ferait sans doute fantasmer les clubbers parisiens) et appréciant l'ambiance bonne enfant du métro berlinois la nuit, remplis de voyageurs de toutes nationalités bavardant, une bière à la main.

Morale de l'histoire : même si je ne compte pas devenir un habitué de ces soirées, j'ai trouvé que les boîtes de nuits berlinoises étaient relativement accueillantes et assez loin des modèles de mépris que j'avais rencontré les très rares fois que je m'y suis rendu en France. Sans doute ne faut-il pas faire de ce cas une généralité, toutefois.

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